Cet article on a décidé avec l’amoureux de l’écrire à deux. Cela s’est imposé comme une évidence, tout simplement parce que Steph est lui aussi passionné de rugby et parce que nous avons regardé les matchs ensemble débriefant pendant et après les rencontres.
On a donc envie aujourd’hui de vous parler de nos impressions, de nos coups de gueule et coup de coeur, de nos remarques en tout genre. Bref un bilan de ce mondial qui bien entendu n’engage que nous.
Tout d’abord un premier constat : le manque d’effervescence autour de l’événement. Un engouement vraiment moyen si ce n’est quelques opérations marketing et publicités de marques qui soudain se souviennent que le rugby existe.
Certains jours, le foot était bien plus à l’honneur dans les médias par rapport à l’Euro qui se joue l’ANNEÉ PROCHAINE au détriment d’un Mondial actuellement à l’affiche. Bon c’est vrai on ne peut pas trop se plaindre car les grandes compétitions de basket et de volley par exemple, bénéficient d’une couverture médiatique encore plus faible voir malheureusement quasi inexistante.
Coups de coeur :
♥ Les Nations peu connues du milieu de l’Ovalie qui se sont révélées lors de ce Mondial comme le Japon. Un pays sur qui il faudra compter lors de la prochaine Coupe du Monde, qui d’ailleurs se déroulera sur cette terre. Fougue et amour de leur patrie, voilà un cocktail détonnant que l’on a hâte de savourer de nouveau.
♥ L’Argentine dont la morphologie du jeu a complètement changé en 4 ans. Une équipe bravache qui mettait plus l’accent sur le combat que la fluidité avec des points de fixation et des temps morts. L’Argentine plus qu’une équipe est une famille soudée, qui pleure lors des hymnes et qui se donne à corps et coeur perdu dans les rencontres. Leur entraîneur a réussi ce tour de force de changer toute une physionomie de jeu en y intégrant vivacité, engouement, rythme et une grande envie d’attaquer.
Leur acceptation dans les Four Nations leur a permis de progresser, se confronter à de très grandes équipes ne pouvant être que bénéfique.
♥ Nicolas Sanchez, meilleur marqueur du tournoi, énorme joueur qui représente bien le nouveau visage des Pumas.
♥ Julian Savéa qui a fait un véritable festival d’essais et qui nous a complètement époustouflé par sa puissance et sa dextérité. À 25 ans il suit les traces de son ainé Lomu.
♥ Milner-Skudder encore un autre joueur néo-zélandais au talent incroyable.
♥ Habana qui égale Lomu en terme d’essais marqués lors d’une Coupe du Monde.
♥ La revanche de Carter sur toutes les mauvaises langues qui pensais qu’il ne retrouverait pas un si haut niveau.
♥ La paire de joyeux drilles Giteau & Mitchell très bons sur le terrain et animateurs hors pair en dehors.
♥ Dusautoir, notre Titi national, un capitaine exemplaire et humble.
♥ Cudmore qui nous a bien fait rire lors du match contre les bleus en venant s’incruster lors de l’annonce de touche et qui se retrouvera à la fin de la rencontre dans les vestiaires du XV de France pour partager une bière.
♥ Ma’a Nonu, juste incroyable sur le terrain.
♥ Le Haka des Blacks toujours plus impressionnant et beau.
♥ Le gallois Biggar qui fait la macarena avant de buter, ou encore le regard de l’anglais Farrell digne d’un grand psychopathe.
♥ Richie McCaw emblématique capitaine des Blacks, que les français adore détester, devenu le joueur le plus capé de l’histoire avec 148 sélections.
♥ Mention spéciale pour l’arbitrage qui fut dans l’ensemble assez bon et cohérent.
Coup de gueule sur la stagnation de certaines équipes de l’hémisphère Nord.
Est-ce parce que les joueurs préfèrent se défoncer dans leurs équipes respectives de championnats, est-ce parce que le sentiment de revêtir le maillot de son pays ne représente plus rien, est-ce parce que les entraineurs manquent de lucidité et que les joueurs se reposent sur leurs acquis. Nul ne le sait.
Notons aussi qu’heureusement que certaines équipes ont été favorisées par des poules plus “clémentes” et ont donc évité les désagréments des poules dites de la “mort”.
On peut penser par exemple au Anglais qui c’est une grande première pour une équipe organisatrice, n’a pas réussi à sortir de sa poule. Difficile de se moquer car on n’aurait été incapable de mieux faire.
Bien que souvent décriés les joueurs étrangers évoluant sous le drapeau français, ont mouillé le maillot et fait preuve d’un bon état d’esprit.
Bien que tout le monde ait eu sa part de responsabilité dans la débâcle de l’Équipe de France, seul Saint-André a affronté les médias, assumant, là où d’autres n’ont même pas daigné faire de déclaration, n’ayant le goût que du rugby champagne (dans le sens premier du terme).
Maintenant quel avenir attend l’équipe de France ?
Pour rapport à ce que nous avons pu entendre des commentateurs et professionnels du milieu, tous se sont accordés à dire qu’il “faut faire quelque chose”, bien entendu aucun d’entre eux n’a proposé ne serait-ce qu’un semblant de solution.
Peu ou pas d’idées novatrices, juste des critiques, bref rien de constructif.
Nous allons changer de sélectionneur, pourquoi ne pas changer aussi les dirigeants de la Fédération en élisant du sang neuf, motivé et non des dinosaures se complaisant dans les avantages qu’apportent cette fonction.
Un nouveau sélectionneur donc pour le XV de France, qui n’a pas à rougir de son palmarès mais qui a une sacré tâche devant lui. Il ne faudra d’ailleurs pas s’attendre à des miracles dès le premier match des VI Nations vu qu’il n’aura que 5 jours de préparation avec ses joueurs avant la rencontre contre l’Italie.
C’est d’ailleurs face à ce constat du manque de disponibilité des joueurs qu’il est légitime de penser à la façon dont fonctionnent les franchises de l’Hémisphère Sud. Ce système de franchises n’est pas une mauvaise idée, à tel point que l’Angleterre envisagerait de l’adopter. En effet une ligue fermée laisse plus de place à la liberté et l’envie de jouer, les joueurs ayant moins la pression de la relégation en Pro D2, ce qui pour certains clubs signifierait l’arrêt de financement et donc mettrait en péril leur survie.
Peut-être cela pourrait-il permettre ainsi à de jeunes joueurs français d’avoir l’opportunité de s’exprimer sur le terrain. Ces mêmes joueurs qui seraient donc susceptibles d’intégrer l’équipe de France.
Les joueurs étrangers, bien souvent avec une grosse carrière derrière eux sont privilégiés en Top 14 à cause de cette nécessité de victoire. Si c’est au détriment du temps de jeu de rugbymens formés dans les clubs, c’est aussi un moyen pour eux d’apprendre au côté des meilleurs.
Samedi soir Kelleher a dit de l’équipe des Blacks, vainqueur émérite de cette Coupe du Monde, qu’elle ne s’entrainait pas depuis 4 ans mais depuis 8 ans.
Comment imaginer qu’en seulement quelques mois d’entrainement collectif pour nos Bleus, on puisse créer autant d’engouement et d’émulation que l’on peut voir chez les Néo-Zélandais, où le rugby est plus qu’un sport, il est carrément une religion.
Il faut dès à présent créer une équipe de France, celle-là même qui disputera la prochaine Coupe du Monde.
On a plus vu d’individualisme chez nos Bleus durant ce Mondial que de travail collectif comme par exemple l’énorme performance de Picamoles.
On n’a pas assez fourni de moyens aux français pour réellement jouer, avoir une belle partition sur le terrain, malgré l’envie qui pouvait les animer.
Hâte de voir quel travail va être effectué jusqu’en 2019, une chose est sur ne jugeons pas trop vite Guy Novès qui a fort à faire pour arriver à ranimer la flamme des supporters des Bleus.
Pour conclure, il faut souligner que cette Coupe du Monde fut magnifique, beaucoup de jeu, de fairplay, un vrai régal pour tous les amoureux de rugby avec certainement une des plus belles finales depuis sa création.
Espérons que ce bel état d’esprit ne sera pas pollué comme l’a été le milieu footballistique.
Un vraiment bel article sur cette coupe du monde ! <3 Giteau et Mitchell <3
Biz Jeny